Projet

GID-COVID : Genre et intervention en dépendance en contexte de pandémie auprès de personnes en situation de précarité sociale

IRSC – 2020-2022

Populations cibles/prioritaires dans la synthèse

Personnes aux prises avec une consommation problématique de SPA et en contexte de précarité sociale

Quelles sont les questions abordées?

Quels sont les effets de la pandémie de COVID-19 pour les personnes aux prises avec une consommation problématique de SPA et en contexte de précarité sociale sur leur santé globale et leurs besoins de services ainsi que sur l’offre de services en dépendance?

Quelles sont les interventions et les adaptations de l’offre de services en dépendance qui sont recommandées en contexte de pandémie afin de mieux répondre aux besoins sociaux et de santé des personnes en situation de précarité sociale?

Messages clés
Les personnes en précarité sociale ayant de problématiques de consommation sont plus à risque pour la COVID-19 et il est prioritaire de les rejoindre pour les sensibiliser à des mesures sanitaires qui tiennent compte de la consommation et des conditions de vie des populations marginalisées.

Diverses modalités favorisant l’accès et la continuité des services de réduction des méfaits et de traitement doivent être planifiées et certaines activités sont essentielles à maintenir en période de pandémie, en particulier le travail de milieu.

La prise en compte du genre et de la diversité sexuelle dans l’adaptation des services en contexte de pandémie de COVID-19 est essentielle afin de prévenir l’accentuation des iniquités en santé, particulièrement pour les femmes confrontées à une dépendance et les personnes de la diversité sexuelle et de genre.

Comment la synthèse a-t-elle été réalisée?

La recherche s’inscrit dans une approche participative et repose sur la méthodologie de réponse rapide en contexte de COVID-19 de l’INESSS (2020) qui comprend deux volets : 1) une
synthèse narrative des écrits, et 2) la consultation d’experts. Un total de 246 articles scientifiques et documents de la littérature grise ont été retenus et analysés par thématique. Pour la consultation, 46 intervenants, cliniciens et gestionnaires des milieux institutionnels et communautaires dans 12 régions du Québec ont participé à un entretien semi-structuré (n=18) ou ont complété un sondage en ligne (n=18), 15 usagers de services en dépendance ont participé à un entretien semi-structuré, et une analyse thématique des entretiens et réponses aux sondages a été réalisée. Dans l’ensemble des analyses, le genre, la diversité de genre et la diversité sexuelle ont été systématiquement pris en compte. L’intégration des principaux constats de la recherche a guidé la coconstruction de recommandations avec l’équipe du projet qui regroupe des chercheurs universitaires, des utilisateurs de connaissances et des pairs chercheurs ayant une expertise de vécu.

Quelles ont été les conclusions de la synthèse?

Les personnes confrontées à une dépendance en situation de précarité sociale sont plus à risque d’être infectées par la COVID-19 et plus à risque d’en subir des effets graves sur leur santé, ce qui soutient l’importance de les rejoindre pour les sensibiliser de manière claire et continue aux diverses mesures sanitaires mises en place au fur et à mesure par les autorités de santé publique. Ces mesures sanitaires doivent comprendre des dimensions spécifiques reliées à la consommation de SPA tout en prenant compte les contextes de vie relatifs au logement pour les personnes en situation d’itinérance et aux enjeux liés à la sécurité financière, la sexualité et les conditions de vie de certaines populations marginalisées comme les femmes et les hommes qui exercent le travail du sexe.

Diverses modalités favorisant l’accès et la continuité des services de réduction des méfaits et de traitement doivent être planifiées de manière prioritaire pour les clientèles les plus vulnérables, ce qui inclue l’intervention à distance, l’accueil de nouvelles demandes d’aide, le maintien du travail de proximité comme activité essentielle et la mise en place ou la bonification d’entente de collaborations entre les services de réduction des méfaits et de traitement de la dépendance des réseaux public et communautaire. Les activités de réduction des méfaits essentielles à maintenir en période de pandémie COVID-19 sont celles reliées à la surveillance et la prévention des surdoses, l’approvisionnement sécuritaire (safe supply) et la prévention du VIH et des autres ITSS. Les collaborations entre les services en dépendance et les services soutenant la réponse aux besoins de bases (nourriture, logement, revenu) et favorisant les conditions de vie sont essentielles à maintenir, sinon à développer en période de COVID-19.

Des investissements sont nécessaires afin de soutenir les intervenants des milieux de la réduction des méfaits et du traitement des dépendances en termes d’accès au matériel technologique approprié et en termes de formation et supervisions, afin de développer des pratiques cliniques adaptées aux enjeux entourant les dépendances en contexte de précarité et plus largement pour soutenir les interventions en dépendance à distance. La prise en compte du genre et de la diversité sexuelle dans l’adaptation des services en contexte de pandémie de COVID-19 est essentielle afin de prévenir l’accentuation des iniquités en santé, particulièrement pour les femmes confrontées à une dépendance et les personnes de la diversité sexuelle et de genre.

Quelles sont les implications de cette synthèse?

Cette réponse rapide produite dans un délai de six mois dans le cadre du projet GID-COVID permettra de soutenir rapidement les milieux de pratique en contexte de crise sanitaire.

À partir du processus de croisement des connaissances intégrées à ce projet qui inclue des constats découlant de l’analyse de la littérature pancanadienne et internationale, il a été possible d’émettre des recommandations qui répondent aux besoins de prestataires de services et personnes concernées tant au Québec que plus largement au Canada.

Chercheure principale : Karine Bertrand

Co-chercheurs : Martin Camiré (CSSMTL-IUD), Jorge Flores Aranda (UQAM), Dre Marie-Ève Goyer (Université de Montréal, CSSMTL-IUD), Mathieu Goyette (UQAM), Chelsea Grothé (CACTUS Montréal), Marie Jauffret-Roustide (INSERM, Paris, France), Caroline Leblanc (Université de Sherbrooke), Dre Julie Loslier (DSP Montérégie, Université de Sherbrooke), David-Martin Milot (DSP Montérégie, Université de Sherbrooke), Carl Tardif (Université de Sherbrooke), Vincent Wagner (IUD)

Rapport de recherche et résumé non scientifique disponible à : https://cihr-irsc.gc.ca/f/52039.html

Chercheure