Projet
Étude des inquiétudes en lien avec l’environnement de travail chez les travailleurs ayant une incapacité au travail pour un trouble musculosquelettique
Financement : Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) – 2014-2018
Environ une personne sur trois dans le monde vivrait avec un trouble musculosquelettique persistant. Plusieurs auteurs soulignent l’influence significative des facteurs psychosociaux, dont l’anxiété comme étant contributifs au développement de l’incapacité prolongée. Associées à l’anxiété, des inquiétudes excessives ont été documentées auprès de travailleurs ayant une douleur persistante d’origine musculosquelettique. Les inquiétudes ne favorisent cependant pas l’adaptation en contexte d’une situation problématique. Comprendre les inquiétudes des travailleurs en lien avec leur environnement semble un incontournable pour offrir une action mieux ciblée aux difficultés du travailleur ayant une incapacité au travail prolongée.
Dans une perspective plus globale de favoriser la rapidité et la stabilité du retour au travail, l’objectif général de cette étude vise à identifier des pistes d’action pertinentes pour l’intervention en réadaptation au travail, en étudiant les inquiétudes comme source d’information visant à déterminer des facteurs pertinents à considérer lors du retour au travail (RT).
Les résultats indiquent que le modèle final prédictif du non-retour au travail (non-RT) à la fin du programme de réadaptation au travail est hautement significatif. Il explique 54 % de la variance du non-RT (Pseudo R2=0,54; p < .0001). Les deux principaux facteurs significativement associés au non-RT à la fin de la prise en charge sont la marge de manœuvre au travail (MMT) et la présence d’inquiétudes intenses rapportées par les travailleurs. En l’absence de MMT durant le suivi, les travailleurs ont 8,52 fois moins de chance de retourner au travail. En présence d’inquiétudes intenses, les travailleurs seraient deux fois plus à risque de ne pas retourner au travail.
En conclusion, très peu d’études ont porté sur les difficultés psychologiques des travailleurs en tenant compte de leur incapacité au travail prolongée due à un TMS. La présente étude apporte une compréhension plus précise des inquiétudes vécues par les travailleurs. Une contribution importante est d’avoir mis en lumière que les inquiétudes rapportées par les travailleurs sont actuelles et liées au travail. De plus, ces observations sont corroborées par les ergothérapeutes qui ont identifié les mêmes enjeux en plus d’une faible MMT. Des pistes ont été formulées et, de façon exploratoire, elles ont été jugées pertinentes, claires et acceptables.