Le CRCLM « dans la cour des grands » : Ça change quoi?
Ce n’est pas une mince affaire qui se passe au Centre de recherche Charles-Le Moyne. Le CRCLM est désormais un centre « officiellement reconnu » par le Fonds de recherche du Québec (FRQ). Près de 30 ans de travail acharné et d’excellence auront été nécessaires pour obtenir ce statut prestigieux. Mais qu’est-ce que cela veut dire pour le CRCLM? Qu’est-ce que ça change pour le CISSSMC, son personnel et ses usagers? Rencontre avec Cloé Rodrigue, directrice de la recherche au CISSSMC.
Le CRCLM célèbre la reconnaissance du FRQ : Voir les photos du 6 septembre 2024
Tout d’abord, petite mise en contexte. Présentez-nous le CRCLM.
Cloé Rodrique (CR) : Le Centre de recherche Charles-Le Moyne fait partie du CISSS de la Montérégie-Centre. On a 36 chercheurs réguliers, 21 chercheurs associés, 50 médecins qui font de la recherche clinique à HCLM et plus de 200 étudiants des cycles supérieurs. Le CRCLM, c’est aussi 84 employés… administratifs et de soutien, en recherche clinique à HCLM et aussi tous nos professionnels de recherche. C’est toute une équipe!
Et grâce à notre partenariat avec l’Université de Sherbrooke, le CRCLM permet au CISSSMC d’être à la fine pointe de la recherche en santé. Oui, nos chercheurs se penchent sur la médecine et les sciences infirmières, mais aussi sur une foule d’autres domaines comme la psychologie, la réadaptation ou encore la gestion du réseau de la santé, entre autres.
Et le Fonds de recherche du Québec dans tout ça?
CR : Nous, c’est le secteur Santé du FRQ qui nous concerne. Le FRQ est un organisme paragouvernemental relevant du ministère de l’Économie et de l’Innovation, qui a pour mission première de soutenir la recherche au Québec. Avec du financement… par exemple des subventions et des bourses. Ou encore en aidant dans le rayonnement et la mobilisation des connaissances, ce genre de choses.
Le CRCLM est maintenant un « centre de recherche reconnu » par le Fonds de recherche du Québec. Qu’est-ce que ça veut dire?
CR : Dans l’univers de la recherche, c’est de dire qu’on joue dans la cour des grands. Qu’on est à la même table que le Centre de recherche du CHUM, que celui de l’Hôpital général juif ou encore du Douglas.
On fait de la recherche depuis 30 ans, on fait de l’excellente recherche depuis 30 ans, mais là c’est : « Ah oui, on reconnaît que vous faites de l’excellente recherche! ». On joue dans la même ligue que les grands centres de recherche.
Dans la Ligue nationale des centres de recherche québécois?
CR : Oui exactement.
Disons que je suis un chercheur au CRCLM. Je travaille maintenant dans un centre « reconnu », qu’est-ce que ça change dans mes travaux?
CR : Pour l’instant, on a un peu de financement pour mieux soutenir nos chercheurs et nos étudiants, mais ce n’est pas encore un montant récurrent. Et aussi, d’être dans un centre reconnu, c’est un petit « plus » quand tu déposes une demande de subvention. Nos chercheurs faisaient déjà de la bonne recherche, ils vont continuer d’en faire de l’excellente, et cette reconnaissance vient donner un sceau de qualité. Comme quand tu as ton agrément. C’est comme un agrément, mais pour la qualité de la recherche.
Et qu’est-ce que cette reconnaissance apporte au CISSSMC… et surtout aux usagers?
CR : Dans la nouvelle loi, pour être un centre hospitalier affilié universitaire, les établissements ont trois ans pour réunir des conditions essentielles. Et la plus difficile est d’avoir un centre de recherche reconnu, ce qu’on vient de faire. Donc on vient de réaliser l’élément le plus difficile à obtenir pour conserver l’affiliation universitaire de notre établissement.
Et aussi, avoir un centre de recherche dans un établissement est bénéfique pour tous les usagers. Par exemple, avec la recherche clinique, nos usagers peuvent avoir accès à de nouveaux traitements, de nouvelles molécules.
En cancérologie notamment.
CR : Exactement. Grâce à la recherche clinique, les médecins ont dans leur coffre à outils des traitements qui ne sont pas accessibles sans la recherche. Ça peut être des molécules autorisées par Santé Canada, mais qui sont encore en phase d’études… et qui pourraient devenir la norme de traitement dans quelques années. Et fait intéressant pour les usagers : les médecins, les pharmaciens sont vraiment à l’avant-garde des nouveautés.
Autre exemple… pour la recherche en services sociaux, pour ce qui est des réflexions et des façons de faire, les chercheurs impliquent des décideurs de nos établissements, des gestionnaires. Même la PDG du CISSSMC contribue à des projets de recherche. Donc tout notre monde est beaucoup plus allumé et plus au fait des nouveautés. Ils sont à l’affût des innovations, des façons de faire, des résultats de recherche qui améliorent vraiment les soins et services aux usagers. Bref, plus la recherche faite ici est de qualité, plus les usagers en profitent directement et indirectement.
Parce que le CISSSMC devient un laboratoire à l’avant-garde de la mobilisation des connaissances?
CR : Tout à fait. La « mobilisation des connaissances », c’est de transférer dans la pratique réelle les avancées scientifiques issues de la recherche. C’est vrai par exemple pour le développement d’une meilleure batterie pour voiture électrique : l’inventer, la développer en labo jusqu’au moment où elle devient la norme dans une voiture que vous achetez. C’est le même principe pour la recherche en santé. Faire en sorte que ce qu’on développe au CRCLM devienne la nouvelle norme dans la pratique en établissement.
Par exemple, on a des chercheuses qui ont mis au point un outil pour aider les entreprises à faciliter le retour progressif au travail après un arrêt de travail causé par un trouble de santé mentale. C’est un outil concret, réel, qui peut aider les entreprises d’ici et de partout, et qui est maintenant disponible.
Et là, maintenant que le CRCLM est « reconnu » par le FRQ?
CR : En temps normal, la mobilisation des connaissances peut être longue… on parle de plusieurs années. Ce qu’on essaie de faire, c’est de raccourcir le temps que ça prend. La reconnaissance du FRQ va entre autres aider à ce que notre recherche arrive plus rapidement sur le terrain. Et elle va aussi contribuer sur le plan du rayonnement, ici et à l’étranger. Pour les résultats de notre recherche, mais aussi pour attirer de nouveaux chercheurs, de nouveaux étudiants. Cette reconnaissance va nous donner des moyens pour mieux faire percoler les connaissances qu’on développe ici, chez nous en Montérégie.